J’écris dans un petit cahier d’école qu’une amie m’a rapporté de Nouméa. J’ai emporté ce cahier dans mon sac pour tromper mes non-voyages. Je retrouve intactes des sensations de gosse : la douceur de la page de droite, toute lisse et toute neuve ; le léger déplaisir des matins qui commencent page de gauche – c’est moins lisse, déjà écrit derrière.
Y a-t-il des jours moins lisses, déjà écrits derrière ? Des jours faussement neufs, empreints dès l’aube de vieux exercices et de choses inutiles ? Il me semble confusément que la vie offre, si l’on n’y prend garde, beaucoup de pages de gauche. Je décide de m’appliquer à considérer qu’un jour sur deux est une page neuve. Un jour pour ressasser, un jour en liberté…